Kasaï occidental: les déchets de manioc remplacent le ciment

Le nombre de taudis diminue depuis deux ans dans la province du Kasaï occidental grâce aux déchets agricoles. Les épluchures de manioc sont malaxées avec les résidus de distillation de l'alcool de manioc, puis mises à fermenter jusqu'à obtenir une sorte de pâte.
Le produit ainsi obtenu tient comme de la colle. Il sert de mortier pour la fabrication des briques en terre cuite et de joint entre elles.
Les calculs sont vite faits. Célestin Tshikenda a dépensé 7 000 $ pour construire sa maison de quatre pièces avec du ciment. La même habitation lui aurait coûté 1 000 $ s'il avait utilisé des briques en terre cuite et cette pâte de manioc !
A 40 dollars le sac, le ciment classique n'est pas à la portée des ménages dont les revenus mensuels se situent entre 21 000 et 38 000 francs congolais (Fc - de 26 à 48 $ environ).
Spéculation
Depuis la vulgarisation de cette technique, en 2007, les déchets de manioc, sans intérêt jusque-là, sont une source de revenus pour ceux qui les récupèrent. Une bassine de ces épluchures se vendait 800 Fc (1 $) à l'été 2008 ; elle coûte actuellement 3 500 Fc (4,5 $).
L'eau tirée de l'alcool de manioc est elle aussi plus chère. Un bidon de vingt litres coûte 400 Fc (0,5 $). Or pour une maison de taille moyenne, il faut entre 1 000 et 3 000 litres de cette décoction.
Il devient difficile de trouver ces ingrédients. Les habitants de la région de Kananga doivent parcourir de longues distances pour s'approvisionner. Les paysans se rendent de moins en moins en ville, sûrs d'écouler leurs produits sans se déplacer. Certains opérateurs économiques ont flairé la bonne affaire : ils affrètent des camions pour assurer le transport des campagnes vers la ville.
L'eau tirée de l'alcool de manioc fait l'objet de longues anticipations. « Pour en avoir en grandes quantités, je verse un acompte à plusieurs fournisseurs, qui me réservent la totalité de leur marchandise », explique une habitante qui fait construire sa maison.
La spéculation s'installe, la demande augmente par rapport à l'offre. La différence de coût avec le ciment classique est déjà moindre qu'en 2008.


Pascal Kankonde
Kananga, 9/01/2010 (Syfia, via mediacongo.net)


11/01/2010
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