Interview de Paul Kapita Shabanyi

DIALOGUE ENTRE KASAÏENS
Emission en langue luba du Kasaï 
(Avec version ecrite en français pour affichage sur notre blogue)
Chaque samedi à 16h00 de Bruxelles

Thème : La vision de la jeunesse kasaïenne par rapport au développement du Kasaï
Annimée par Ambroise Mbuyi et Makubakuba

Nom de l’interlocuteur, son état civil et son adresse:

KAPITA SHABANGI  Paul Gabriel ; marié et père de huit enfants……………………………………………………………………………

Date de l'interview: 31/10/09 à 16heures
Partie 1 (Présentation et culture)

Q1. Qui êtes-vous monsieur ou madame? 
Rép. Homme politique

PKS. Pouvez-vous nous parler de ce que vous faites pour que les kasaïens vous connaissent?
PKS. La politique s’occupe de tout le monde et de tout ce qui concerne l’Homme, son environnement et son devenir. Par conséquent, les kasaïens me connaissent, même virtuellement.

Q3. Que savez-vous du Kasaï ?
PKS. A quel point de vue ? Historique, géographique, sociologique, sociopolitique et/ou socioéconomique ? Et enfin ethnologique ?
Je reconnais cependant que les deux régions du Kasaï sont habitées par un peuple dynamique et intelligent, entreprenant et hospitalier ; patriote et attaché à sa culture.

Q4. Que pensez-vous de la mission que nous nous sommes donné de valoriser la culture du Kasaï ?
PKS. Mission noble et exaltante. Digne de félicitations et de soutien à tout point de vue. Car, la culture constitue l’identité de l’être humain. Elle est le creuset de toute créativité. Par conséquent, source du développement et du progrès social. Quiconque n’est pas attaché à sa culture n’est qu’une caisse de résonnance. Donc inutile à son peuple. Dans la mesure où il ne peut rien lui apporter.

Partie 2 (développement)

Q1. Quelle est votre vision sur le développement du Kasaï ?
PKS.   Tout développement commence par des études, faites par des experts.
Les deux régions du Kasaï étant une contrée à vocation agricole, j’estime utile de développer d’abord l’agriculture vivrière intensive. Nous devrions nous rappeler que du temps colonial, le Kasaï était le grenier du Katanga. Nous avons également du bois. Les études sont là, à moins que les archives aient été détruites comme ce fut le cas tout au long de la progression de l’AFDL. Il importe de noter en outre que l’agriculture et les infrastructures routières vont de pair. Sans route de desserte agricole et d’intérêt local et général, l’évacuation des produits agricoles n’est pas possible. En plus de l’agriculture, nous avons une hydrographie susceptible de produire de l’énergie à travers tout le Kasaï et en dehors du Kasaï. Je m’en voudrais enfin d’omettre des minerais dont regorge le sous-sol du Kasaï. Notamment le nickel, le diamant de lux le diamant industriel, le fer et le pétrole. Voilà autant des ressources dont l’exploitation devrait se faire au bénéfice du peuple, dans un Etat de droit. Parallèlement à tout cela, il faudra un enseignement de qualité.

Q2. Le Kasaï est-il dans le train de 5 chantiers de la république ou a-t-il prit une pirogue de retard ?
PKS.   La réponse à cette question viendrait de ceux qui sont nés de la dernière pluie. Toute âme pensante et mûr sait que rien de concret ni de positif ne viendrait de ceux qui sont juges et partie et qui tiennent le peuple en respect.

Q3. Quelle est aujourd’hui la place du kasaïen au Congo. Est-ce que le kasaïen s’est-il trouvé aujourd’hui une place de choix et de valeur au Congo?
PKS.  Le Congo étant placé parmi les cinq premiers pays au monde les plus corrompus et les plus miséreux, le kasaïen occupe sa place dans cet ordre-là

Q4. Pensez-vous que la jeunesse kasaïenne peut se mobiliser pour doter le Kasaï de son électricité pour son développement ?
PKS.  La jeunesse kasaïenne de la diaspora oui, dans une certaine mesure. Et encore dans quelles proportions ? Je pense négligeable, sinon irréalisable.  En ce qui concerne la jeunesse qui est au pays, déjà le strict minimum vital lui manque, vous allez lui demander ce qu’elle est incapable de réaliser  en dépit de sa bonne volonté ? L’on vous prendra pour un cynique, à la limite un sorcier.

Q5. Quelle ACTION CONCRETE faut-il poser pour que le peuple du Kasaï se sente concerné par la politique du développement du gouvernement de la 4ème république?
PKS. Quelle est-elle cette politique ? Moi je l’ignore. Dans la mesure où le discours que l’on tient n’est jamais suivi de moindres faits. Bientôt dix ans que l’on me cite un seul acte posé au bénéfice des congolais par le gouvernement dont vous parlez ?

Partie 3 (La jeunesse kasaïenne et l’avenir du pays)

Q1. Quel avenir envisagez-vous pour la jeunesse Kasaïenne ?
PKS. Par rapport à la situation qui prévaut au pays sur cette question, les mêmes causes persistent et produisent les mêmes effets, sinon pires qu’avant. Il y a des défis que nous devrions relever et auxquels notre jeunesse est confrontée :

  1. le défi de la justice : générateur et creuset de la démocratie. Une fois relevé, ce défi mettra un terme à la corruption qui s’érige en système de gouvernement dans notre pays.
  2. Le défi de l’enseignement de qualité, le défi du développement et enfin, le défi de l'emploi. Dès l’instant que ces défis auront été relevés, qui est l’avenir de la jeunesse est automatiquement garanti. La jeunesse est à nous ce que nous sommes à nos parents. Qu’est-ce à dire : notre comportement, nos faits et gestes dans nos rapports avec les autres et avec la société, tout cela est le fruit de l’éducation reçue de nos parents et de l’influence de la société dans laquelle nous avons évolué. Retenons que l’enfant, l’adolescent et le jeune devient ce qu’il contemple.

Q2. Par rapport à la politique, quelle doit être l’attitude des jeunes kasaïens. Est-ce l’attentisme, l’opposition, la méfiance ou la participation aux affaires du pays?
PKS.  Ma réponse à la question précédente suffit amplement. Néanmoins je renchéris en disant que si la jeunesse kasaïenne veut faire comme tout le monde, libre cours à elle. Alors dans ce cas elle aura cessé de s’appeler jeune. Nous semblons oublier que la jeunesse comme la vieillesse ne sont pas une période de la vie, c’est un état d’esprit. Est jeune dit-on, celui qui croit au changement et qui a foi à cela. Tandis qu’un vieux doute du changement et se résigne. Voilà tout.

Q3. On dit que l’UDPS a aveuglé la jeunesse kasaïenne qui ne veut pas entendre un autre son de cloche, pouvez-vous nous donner votre opinion?
PKS. L’UDPS a libéré tout le monde de la peur. C’est mon parti certes, la seule erreur qu’il a commise et qu’il se doit de réparer c’est d’avoir privilégié le juridique par rapport au politique au cours de sa lutte. Il n’en demeure pas moins qu’il s’avère le seul parti politique qui prône des valeurs démocratiques et républicaines. Il suffit que la jeunesse maintienne haut le flambeau de ce parti, sous l’impulsion de ses cadres engagés, les choses vont basculer dans le sens souhaité par tous.

Q4. Un jeune kasaïen qui sert les institutions en place (centrale et provinciales) est par principe de l’opposition, infréquentable?
PKS. Du point de vue politique, j’insiste et c’est important, je vous invite à cesser de lier le concept jeune à l’âge. En politique la jeunesse est un état d’esprit, ça n’a rien à voir avec l’âge. Un jeune d’âge qui se conforme servilement à un ordre établi pourtant injuste, n’est pas jeune, c’est un vieillard qui se couvre du manteau de jeune. Parce qu’il accepte l’inacceptable au nom de petits intérêts immédiats. Ne dit-on pas par ailleurs, « Vous pouvez être jeune comme votre foi dans le changement ou vieux comme votre doute ».

Q5. Quel doit être la vision de la jeunesse kasaïenne par rapport aux échéances électorales de 2011?
PKS. Vigilance tous azimuts afin d’empêcher toute fraude. Ce n’est qu’à cette condition-là qu’elle pourrait se retrouver légitimement à tous les échelons électoraux.

Q6. Pensez-vous que si la jeunesse de la diaspora kasaïenne et de l’intérieur du Kasaï s’impliquaient dans la vie politico socio économique du pays, le Kasaï pourra t-il voir le bout du tunnel?
PKS. On peut avoir n’importe quel nombre des ressortissants kasaïens dans toutes les institutions, si ces derniers n’ont pas de vision politique, ce seront des simples appointés, à l’instar des individus que nous avons au parlement. Nul n’ignore que la majorité de ces derniers sont là pour leur salaires et autres petits avantages d’ordre économique. Avant de clore cette rubrique, je vous rappelle que les ressortissants du haut-Zaïre et de l’Equateur se retrouvaient en majorité à des postes au sein des différents gouvernements, au sein de l’armée, des entreprises privées et parastatales ; dans la territoriale et en diplomatie.
Cependant, leurs villages respectifs étaient plus sous-développés que des villages de chez nous. Et les gens y étaient trop pauvres.
Partie 4 (Exemple du développement socioculturel et économique)

Q1. A titre personnel, pensez-vous entreprendre quelque chose pour le développement socioculturel et économique de la population et du Kasaï?
PKS. Dès lors que les conditions de développement auront été définies et garanties par un gouvernement responsable, je n’hésiterai pas à apporter ma contribution dans le domaine de l’enseignement.

Q2. Que pensez-vous de Diyi dia Kasaï ?
PKS.  Le travail qui est fait par cette radio est digne de félicitations et d’encouragement. Il mérite – ce travail – le soutien de tous les kasaïens. Toutefois, je conseillerai au responsable de la radio « Grand Kasaï de limiter à 1 heure trente min au maximum le temps de ses émissions qui se rapportent aux interviews avec des personnalités politiques et des confessions religieuses ou intellectuels et autres. Enfin je souhaite entendre tous ceux qui s’expriment en tshiluba sur cette radio, faire un effort pour éviter d’utiliser de temps en temps les mots en français. Cela nous ridiculise. En effet, lorsqu’un français, anglais ou autres parle dans sa langue il n’y introduit jamais un terme d’une langue étrangère. Soyons fiers de ce que nous sommes. D’autres nous respecteront.

Nous vous remercionsDieudonné Dikita Makubakuba
Président



03/11/2009
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